La Gordolasque - La vallée des Merveilles
La Gordolasque, vallée ruisselante, jaillissante, bondissante.
Ici, des randonnées à 2 500 m et plus vers les sommets du parc national du Mercantour emporteront le regard vers l'Italie et la Méditerranée et vous feront remonter dans le temps, à l'époque où les hommes laissèrent leur empreinte dans la pierre sous forme de milliers de gravures.
Difficile de trouver dans les Alpes un "haut lieu" aussi chargé d'histoire, de symbole, d'attirance entre l'homme et la montagne.
Aujourd'hui où nous parlons d'alpinisme, de randonnée, de trekking, il faut avoir une pensée pour Otzi, la momie des glaces, et ses contemporains. Ils sont venus ici en nombre graver, en ces hautes altitudes, sur les schistes orangés du Grand Capelet et du Bego, un message dédié aux rapports entre les hommes et la nature.
En ces périodes troublées où l'on s'entre-déchire encore de par le monde au nom des religions, celui qui pénètre dans le sanctuaire des Merveilles est frappé par ces symboles de paix et d'espoir, véritable hymne à la sérénité que la puissante et généreuse nature apporte à tous ceux qui font l'effort de venir y puiser.
MAUVAIS SLOGAN
Vallée des Merveilles : ce nom aujourd'hui mondialement connu n'a qu'un défaut, c'est de sonner comme un mauvais slogan d'affiche touristique dans une époque marchande où tout s'achète et se vend. Il est dû à une erreur de transcription des topographes français qui en 1947, traduisirent hâtivement le beau nom italien Meraviglie, et dont le sens profond veut plutôt dire "vallée des mystères, des prodiges": tout un programme !
Car le secteur dit des Merveilles, qui couvre un immense territoire situé au cœur du parc national du Mercantour, regorge de petits coins secrets, de joyaux cachés que l'alpiniste aussi bien que le randonneur auront plaisir à découvrir, un secteur à la fréquentation quasi confidentielle.
Nous vous convions à la découverte d'une vallée dont le nom résonne encore du parler des lointains Ligures, "la Gordolasque", le plus bel affluent de la Vésubie, qui prend sa source au pied des plus hauts sommets du parc national du Mercantour et de la vallée des Merveilles.
C'est au village de Roquebillière que débute la longue route étroite et sinueuse qui remonte la vallée. On part de 600 m pour rejoindre le parking du pont du Countet à 1 700 m. La route rejoint d'abord le bien nommé village de Belvédère, véritable porte d'entrée de la Gordolasque.
A partir de ce point, vous allez remonter une route de montagne, il est vivement conseillé si vous possédez un camping-car ou un véhicule assez large de ne l'emprunter qu'à des heures peu fréquentées car la route est étroite.
D'abord resserrée, la vallée devient large, verte et ensoleillée une fois franchi le verrou de la cascade du Ray. On découvre la cime du Grand Capelet, massif puissant qui domine fièrement tout le site de montagne. La première chose qui surprend le visiteur, c'est l'eau qui ruisselle et cascade de partout et le couvert végétal très vert. Cela est dû à un microclimat. Ainsi, même au plus fort de la canicule estivale, il fait toujours frais et agréable dans ces hautes vallées du Mercantour.
AU PAYS DES MERVEILLES
On rejoint ensuite le hameau de Saint-Grat et ses anciennes granges d'alpage, puis le terminus de la route au lieu-dit "le pont du Countet", point de départ d'une multitude de randonnées, circuits et itinéraires qui conduisent aux plus hauts sommets du parc national du Mercantour.
C'est incontestablement aussi le plus court et le plus beau point de départ pour l'accès au site de montagne des Merveilles, que l'on rejoint en 3 h de marche par le pas de l'Arpette. Le sentier débute juste à droite du pont, il grimpe raide mais le décor, hormis la conduite forcée, est de toute beauté. Une flore exceptionnelle et des chamois qui broutent paisiblement au bord du sentier vont vous accompagner jusqu'au pas de l'Arpette et là, quel spectacle ! des hauts sommets, des lacs et avec un peu de chance la mer, panorama unique que l'on contemplera avec une pensée émue pour les hommes qui en nombre ont foulé - et probablement tracé - les sentiers, il y a plus de 5 000 ans.
A l'Arpette, vous êtes quasiment au cœur du sanctuaire dont le plus beau secteur est à votre gauche, sous le rocher des Merveilles. Ne nous vous privez surtout pas de pénétrer dans la zone des gravures. Certes, il faut être accompagné par un guide agréé car le site, fait unique pour des montagnes, est classé monument historique depuis 1989.
Mais nul ne peut imaginer, même assis au pas de l'Arpette en face du site, ce que vous allez y découvrir. L'ambiance, les couleurs des schistes qui vont du vert à l'ocre et du jaune au violet et les gravures forment un formidable sanctuaire à ciel ouvert, un véritable havre de paix et de sérénité, à découvrir absolument.
Mais la vallée des Merveilles n'est qu'une petite partie des possibilités au départ de la Gordolasque. Les immenses adrets situés au-dessus du hameau de Saint-Grat offrent plusieurs possibilités de randonnées qui mènent à une crête dont le point culminant est la cime de la Valette de Prals. Un magnifique sommet, véritable belvédère où la vue s'étend de la mer jusqu'aux hauts sommets du Mercantour et des Ecrins.
En face et donc en rive gauche de la Gordolasque, se trouvent des versants qui montent jusqu'à la haute cime du Diable, avec en particulier le sauvage vallon des Verrairiers, lequel offre une superbe possibilité de randonnée pour tous ceux qui aiment randonner loin des balises et autres traces. Plus haut dans la Gordolasque, toujours en
rive gauche, s'ouvre le vallon Autier, magnifique accès à la fois aux deux principales vallées des Merveilles, mais aussi à la cime du Grand Capelet. C'est un des plus beaux et des plus hauts sommets du Mercantour, mais son ascension relève de la randonnée alpine, proche des difficultés de l'alpinisme.
Il nous reste enfin à découvrir tout l'immense cirque entourant le refuge Nice, sympathique construction qui domine le lac de la Fous. Le refuge se situe sur le parcours du GR 52 qui traverse le massif. Un GR qui, pour pénétrer dans la Gordolasque, franchit à l'ouest le redouté pas du Mt Colomb et à l'est la baisse du Basto.
Trois des plus hautes cimes du Mercantour dominent fièrement le cirque et forment une puissante crête frontière. Il y a le Clapier, la Malédie et le Gelas. Si le premier est assez facile, les deux autres ne sont accessibles que si l'on a une pratique minimum de l'alpinisme. La traversée de la Malédie offre une très belle chevauchée d'arêtes dans un cadre grandiose et sauvage.
On est loin de "l'alpinodrome". Ici, les notions d'isolement et d'éloignement sont assez fortes et il est rare de croiser âme qui vive. En effet, à l'exception des nombreux chamois et bouquetins, peu nombreux sont les alpinistes qui viennent ici. Mais quel beau sommet pour les amoureux des grands espaces. La cime du Clapier (3 045 m), n'oppose pas de grande résistance et son ascension est accessible à tout bon randonneur. Le panorama du sommet est superbe. Il est d'ailleurs décrit par le célèbre alpiniste anglais Coolidge dans son Voyage dans les Alpes maritimes, qui parle aussi des larmes d'émotion venues aux yeux de ses deux célèbres guides, les Almer père et fils, qui voyaient du Clapier la mer pour la première fois de leur vie.
Et puis, comment oublier le versant italien car ici et nous l'avons déjà vu, c'est de deux territoires et deux cultures dont il s'agit. Celles-ci s'imbriquent d'ailleurs l'une dans l'autre dans un mélange qui donne une force exceptionnelle au pays. Une des plus belles randonnées alpines entre la France et l'Italie est le franchissement le pas de Pagari pour se rendre au refuge èponyme construit sous la face nord de la Malédie. On y découvre avec surprise un véritable glacier, en particulier sous le versant est du Clapier. Ce système glaciaire qui résiste est le plus méridional des Alpes.
Etonnant en effet puisque nous sommes ici à guère plus de 30 km à vol d'oiseau de la Méditerranée.
On le voit, cette vallée de la Gordolasque, dont le nom mystérieux témoigne de la fréquentation par nos lointains ancêtres de l'âge du bronze, réservera plein de surprises aux amoureux des grands espaces, aux inconditionnels de la randonnée loin des pistes et sentiers balisés, aux alpinistes à la recherche d'émotions authentiques. Une vallée à découvrir et à préserver, un écrin de solitude précieux.
Les deux sites de montagnes principaux des Merveilles sont Fontanalba et La Vallée des Merveilles. Ils sont au programme des visites proposées par Les Guides des Merveilles et se trouvent situés de part et d'autre du Mont Bego.